dimanche 6 novembre 2016

MOTS du berger...



Quelques mots du berger vellave.



Quelques mots du berger vellave, et une idée de leur prononciation aux environs d’Allègre.
Par écrit, il manque l’essentiel : la musicalité du patois vellave !

Antenais : agneau d’un an révolu, d’un "an tenu".
Astiers : lieu dit au sud d’Allègre, connu depuis 1381. C'est un écart, une zone défrichée bien avant le XIVe siècle, pour créer de nouvelles terres cultivables. Le nom "Astiers" vient du prénom Astier en usage dès le Haut Moyen-Âge. Ce fut peut-être le nom sous lequel fut connu le maître, le parsonnier domanial, d'une communauté taisible installée là. Ces communautés rurales avaient été créées pour que ses membres échappent aux lourds impôts du temps. "Rien n'appartenait à personne. Tous vivaient au même feu, au même pot et au même sel".
Bélier : se dit aret et se prononce ari en patois local. C'est le mouton mâle. De nos jours les bergers calculent pour que les agnelages (naissances d'agneaux) aient lieu à des dates précises, Pâques, Noël, vacances d'été, pour les repas de fêtes, et non plus tout au long de l'année. Aussi les béliers ne sont mis en lutte avec les brebis qu'à de brèves périodes.
Berche : brebis âgée, mal en point, dont des dents bougent et l’empêchent de manger. Jadis des éleveurs enlevaient ces dents pour lui permettre de s’alimenter de nouveau.
Berger : gardien des brebis. Il était employé par le fermier, et jadis à peine mieux considéré que le valet de ferme. De nos jours, devenu profession à part entière, hautement symbolique, le berger est bien revalorisé.
Bessons : prononcé ici bessous ou plutôt b’chous. Naissances gémellaires fréquentes pour la Neira.
Brayes : braies, qu’ici on prononce "brailles". Culottes, pantalon.
Brebis : en Occitan feda, prononcé fed’. Désigne la brebis prise individuellement ou globalement. Mouton femelle. Les troupeaux de Brebis Noires du Velay sont composés principalement de femelles qui ont agnelé (brebis) ou n'ont pas encore agnelé (agnelles). C'est pourquoi, au moins en Velay, on dira "un troupeau de brebis" plutôt que "un troupeau de moutons" comme en français.
Clède : en patois local cléda prononcé cléd’ : claie, barrière, partie d’un parc. Aussi barrière de péage, gué.
CORAM : COllectif des RAces Locales de Massifs.
Flamme : le "couteau suisse" du berger, muni de lames et scalpels ayant chacune un usage précis pour le soin des brebis. Exérèse d'un insecte ou corps étranger planté dans la peau, curer les pieds, couper les ongles, etc.
Genêt planté : par'bertzier , "pare berger" en patois. Si un fermier ne voulait pas que le berger mène ses brebis dans son pré, il y plantait un genêt qui signifiait "passe ton chemin"
Lutte : reproduction. Le bélier est mis en lutte avec les brebis lorsque le berger a besoin d'agneaux, calcul fait du temps de la gestation.
Moutonnier : éleveur de moutons. Il pouvait avoir un ou plusieurs bergers à son service. Le mot berger tend à remplacer moutonnier qui prend même un sens péjoratif de berger mercantile.
Neira : Nom local de la brebis Noire du Velay. D'un village à un autre on prononce Néira, Neira (e au lieu de é), presque Noïra, mais aussi Niéra, Neigre, etc. La Noire pour désigner notre brebis locale à peau noire et laine noire ou brune voire grise. Le a final est élisé : Néir', Nièr', Nigr', etc.
OS ROM : Organisme de Sélection fédérant les Races rustiques Ovines du Massif Central. Stéphane Charrat, berger-éleveur à Allègre, a été président de la Sélection durant onze ans dans les années 2000.
Paneire : mangeoire, centrale simple ou double, ou contre un mur, dans la bergerie.
Passer premier : marcher en tête du troupeau. Dans la neige le berger facilitait la marche des brebis en "faisant la trace", en écartant la neige. Dans les pires cas il "mettait premier" un ou deux boeufs liés tirant une portion de tronc d'arbre, et tout le monde suivait...
Rigord : jeune bélier d’un an qui n’a pas encore ses dents.
Souffle de la Neira : publication gratuite dirigée par Jean Claude Brunelin, qui raconte le monde de l'agriculture et des bergers de Haute-Loire. On peut trouver Le Souffle en certains lieux autour du Puy et en ligne sur le site internet  de La Neira: http://www.brebis-noire-velay.org/
Tourner le parc : vient de "gira' lou par'", traduit par "tourner le parc" qui était en fait "garder le parc". Déplacer les clèdes qui entourent les brebis et forment le parc. Jadis le troupeau était gardé par un ou des bergers en terrain ouvert. Depuis les XIXe et XXe siècles la zone de pacage est clôturée. Le fumier des brebis enrichit la terre. Le parc et le troupeau étaient déplacés zone par zone pour que l'ensemble d'un champ soit fumé.
Troupeau : tropèl. Localement parjada prononcé partsad'.
Tueille : (aussi teuille, versions patoisantes de teula, tuile) petite roulotte à roues ou sur pieds dans lequel le berger dormait, jusqu'au XXe siècle, au contact du troupeau. Au fur et à mesure qu'il déplaçait le troupeau et le parc pour fumer un champ, il déplaçait sa tueille, raison pour laquelle elle était si petite et légère.
Tsabone : petit abri fixe en pierres sèches. Nom parfois donné par erreur à la tueille qui, elle, est mobile.
Vachéou : prononcé vatséou, agneau qu’on mettait au pré à grignoter l’herbe laissée par les vaches.

Quelques personnages qui se sont préoccupés du sort des bergers :

Daubenton Louis Jean Marie (1716-1799) et son cousin Edme Louis (1730-1785) naturalistes.
Degois Emile (1884-19..) vétérinaire. Gasparin Adrien de, agronome (1783-1862).
Young Arthur, agronome britannique (1741-1820).

Deux expressions locales :

A l’an que ven : (a l’an’ que ve), à l’an qui vient. On fait le vœu de vous revoir l’an prochain ! A l'année prochaine à la fête de La Neira, le premier dimanche du mois d'août à Allègre...
A Dieu-siatz. (a Diou cha, adioucha). Manière Occitane de vous dire "au revoir" : on vous confie aux bons soins de Dieu : "à Dieu soyez". Ménagez-vous, prenez soin de vous ! En Provence on prononcera "adésias".


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