dimanche 6 novembre 2016

BERGERS d'aujourd'hui..



Vocation d'un berger d'aujourd'hui.

Stéphane Charrat.


J’avais trois ans. J’accompagnais mon arrière-grand-père Baptiste qui distribuait le foin dans la bergerie des Astiers. Une brebis noire n’était pas sortie avec les autres dans la cour fermée. Elle ne voulait pas laisser seul l’agneau qu’elle avait mis bas dans la nuit. Me prenant pour un intrus, d’un coup de tête, elle me jeta dans la paneire.


Et voilà, j’étais tombé dedans… le coup de tête avait fait naître ma passion pour les brebis noires.
Le grand père ayant pris de l’âge, les brebis furent vendues, remplacés par quelques vaches laitières, l’année même de l’arrivée de la traite mécanique et de la collecte organisée du lait.
Je centrais cependant ma formation professionnelle sur le mouton lors de mes stages sur l’exploitation de Gilbert et Monique, à Flaghac. J’y apprenais les méthodes modernes d’élevage. 650 brebis noires produisaient des agneaux de boucherie, agnelant trois fois en deux ans.
Sortant de mon BTS sans un sou en poche, mon oncle René de Combolivier me vendit sept agnelles et un rigord « pour me lancer », disait-il. Brisant ce bonheur naissant, le grand père Baptiste s’en alla, âgé de quatre vingt huit ans.
L’année suivante, bénéficiant d’une aide à l’installation, j’achetais des agnelles noires du Velay issues de divers élevages sélectionneurs. En trois ans le troupeau comptais 300 mères Noires du Velay inscrites.
C’était l’époque où les réunions de l’UPRA se tenaient chez Roger et Yvonne, au Cabaret. La vente des béliers du centre d’élevage clôturait la journée. Je faisais mes armes sous l’œil de Maurice et Jean-Claude qui me confièrent la présidence de l’UPRA en 1994.


Avec mon copain Didier, animateur de l’UPRA, nous entreprenions de diffuser la Brebis Noire du Velay le plus largement possible. Certaines années il se vendait 1500 agnelles Noires du Velay de grande qualité.
En 2008 je transmettais la présidence à Olivier, mais conservais la force de mon attachement à la Néira du Velay emblématique de notre territoire. Une rencontre entre amoureux de la Brebis Noire du Velay, et tout un environnement amical, apportent un éclairage différent à ma vocation. L’installation de notre fils Pierre sur l’exploitation me permet de me consacrer davantage à la transformation et à la vente directe. Faire naître, élever, transformer, transmettre la qualité nature de notre travail. Paysan acteur de la valorisation de notre Velay.

Eddy.

On n'oubliera pas la présence d'Eddy, frère cadet de Stéphane, proche des Brebis Noires comme son aîné, à la fois au Gaec et lors des éditions de la fête de La Neira. Eddy est aussi un spécialiste des chiens de troupeau.



Parcours d’un technicien, historien de la Brebis Noire du Velay.

Jean Claude Brunelin.


Petit-fils de modestes paysans près d'Olliergues, je rêvais d'être paysan. Je devins ingénieur en agriculture. Mon premier contact avec le mouton se déroula en Haute-Vienne et révéla ma passion. Je garde un bon souvenir des tournées dans la fraîcheur du petit matin.
Je réalisai mon mémoire de fin d'études en Haute-Loire sur la ferme expérimentale ovine de Laroue. J’y étudiai les races ovines rustiques du Massif Central, démontrant que ces antiques populations étaient bien adaptées à un élevage moderne.
Je découvris la Noire du Velay chez Maurice, un éleveur voisin. Ce soir d'été il me montra ses moutons noirs dans une bergerie qui ne l'était pas moins. Je ne savais pas encore qu'elles m'avaient jeté un sort et que j'allais plus tard, avec Maurice à la barre, apprendre le métier et voguer avec lui sur un océan de têtes noires.
Diplôme en poche, je trouvai un emploi, en production ovine, à l'Etablissement Départemental de Haute-Loire. Il s'agissait de mettre en place des contrôles de performances, presque inexistants à l'époque dans les races locales, Bizet, Blanche du Massif Central et Noire du Velay.


Augustin, notre directeur, originaire de Saint-Haon, un ancien fief de la Noire, me donna la mission de restructurer la race. Poussés par les négociants, les éleveurs avaient croisé leur cheptel avec des brebis à viande pour améliorer la conformation bouchère. Ils se révélaient mal adaptés au terroir, perdant les qualités originelles de la Neira. Nous engageâmes la race dans l'UPRA Nord Massif Central, une organisation de sélection. Chaque race constituait une section avec son président et sa propre organisation. Technicien animateur, j’y retrouvai Maurice, président des éleveurs, pour un travail de près de 25 ans : constituer un groupe soudé d'éleveurs passionnés, épurer la race et la sélectionner, monter un centre d'élevage de béliers, montrer la race dans les concours, en particulier à Paris. Au milieu des années 90, la Noire du Velay nous parut techniquement sauvée.
Restait à la faire mieux connaître...


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